(vous trouverez ci-dessous les vidéos de ma
conférence-débat avec M. Jean Paul Gauzès et M. Bernard Deladerrière, qui a eu
lieu à l’Université de Rouen le 21 février dernier. Le débat a été animé par
mon ami Arsène Rieber, que je remercie pour l’organisation. Je remercie de même
les intervenants pour leur extrême disponibilité et honnêteté intellectuelle,
qui a permis d’avoir un débat où des positions différentes ont eu une représentation
équilibrée. Ceci a d’ailleurs permis de mettre en valeur non seulement les
divergences, mais aussi les points de contact, qui doivent bien exister, car au
bout du compte nous sommes tous « sur le même bateau », ainsi qu’on
le dit chez nous, dans l’Europe du Sud ! A suivre, vous verrez un échange
de lettres avec un collègue qui avait assisté à la conférence et me signalait un article du Monde)
Le débat
Première partie.
Deuxième partie.
Troisième partie.
Quatrième partie.
Cinquème partie.
Sixième partie.
Septième partie.
Le dialogue
Cher Collègue,
venant après ce
que vous nous avez dit ce matin cetarticle du Monde de ce soir montre que vous n'êtes pas seul. Mais je demande
encore "Comment fait-on ? "
On ne peut faire
l'impasse de l'Euro sans que l'Europe en souffre durement.
Vous nous direz
peut -être comment on fait PRATIQUEMENT?
Merci cependant
pour vos vues très intéressantes.
Bien à vous
Cher Collègue,
je vous réponds de l'Italie. Notre analyse est partagée désormais au plus haut niveau. L'euro est un usine à chômage, et c'est le FMI qui l'avoue. De plus, l’euro est une sérieuse menace à la paix mondiale.
Je crois donc qu’en effet l’alternative soit de choisir entre Europe et euro. En tant que européiste convaincu, j’ajoute que comme personne ne peut détruire ce qui est un fait historique, géographique et culturel (l’Europe), c’est l’euro qui va succomber, et, comme le dit M. Rourke, le plus tôt, ce sera le meilleur. Plus qu’on tient en vie ce monstre, et plus qu’il exigera de victimes.
je vous réponds de l'Italie. Notre analyse est partagée désormais au plus haut niveau. L'euro est un usine à chômage, et c'est le FMI qui l'avoue. De plus, l’euro est une sérieuse menace à la paix mondiale.
Je crois donc qu’en effet l’alternative soit de choisir entre Europe et euro. En tant que européiste convaincu, j’ajoute que comme personne ne peut détruire ce qui est un fait historique, géographique et culturel (l’Europe), c’est l’euro qui va succomber, et, comme le dit M. Rourke, le plus tôt, ce sera le meilleur. Plus qu’on tient en vie ce monstre, et plus qu’il exigera de victimes.
Rien moins que
ça.
Je comprends bien
que ce ne soit pas facile de l'admettre, mais il ne revient pas à nous de le
faire, exactement comme il n’est pas soumis à notre décision, voire à une
décision politique, d'admettre la force de gravité. Les impasses logiques de la
construction européenne sont si évidentes que tout interlocuteur honnête, tel
que M. Gauzès, ne peut pas s’empêcher d’en convenir. La réponse à ces impasses est
souvent le rêve, le souhait, et je les comprends, ces souhaits, je les partages,
même, et surtout j’essaye de comprendre en quelle mesure ils soient
réalisables. Je crois qu’il n’y a plus de marge, et c’est aussi pour cela que
je n’aime pas bousculer les hommes politiques, car leur situation me parait
très inconfortable. Hier en Italie trois personnes se sont suicidés pour des
raisons économiques. Vous comprenez qu’avec les progrès de la crise même les rêves,
tout en étant gratuits, ne sont pas quelque chose que tout le monde puisse se
permettre !
Il faut aussi
dire que tous les interlocuteurs ne sont pas honnêtes, malheureusement. L’article
que vous me citez fait référence à une étude de l’UBS qui était extrêmement peu
honnête en termes politiques et scientifiques.
Sous le rapport « politique »,
il est clair qu’une étude faite par une banque suisse avait tous les intérêts à
donner une image catastrophique d’un démantèlement de la zone euro, étant donné
que la panique, savamment excitée, aurait pu attirer de l’argent dans ses
caisses. Ceci est tellement évident qu’il ne faut pas être trop malin pour s’en
rendre compte. De même, il n’était pas étonnant que avant que tout cela
commence, l’unique étude franchement favorable au projet d’union monétaire fut One market one money, payé (ou, pour garder
de l’élégance, financé) par la Communauté Européenne, qui avait déjà pris sa
décision politique (et qui payait, soit finançait, pour qu’on lui dise que la
décision qu’elle avait prise était juste) !
Tout mobile
politique se réfléchit dans un ou plusieurs choix techniques, qui peuvent
parfois échapper au lecteur non spécialisé. Par exemple, l’étude de l’UBS mesure
la perte de Pib qui aurait lieu suite à une dévaluation, non pas en termes
réels (donc, en termes de pouvoir d’achat des citoyens d’un pays dans le marché
de leur pays), mais en devise étrangère et en termes nominaux. En d’autres
termes, et en raisonnant a contrario,
c’est comme si on vous disait que si l’euro se réévaluait de 100% par rapport
au dollar, vous seriez plus riche du double. Vous aurez remarqué que cela s’est
déjà passé dans l’histoire de l’euro : il est passe de 0.7 à presque 1.4
sur le dollar, soit une réévaluation de presque 100% (sur plusieurs années),
mais nous ne sommes pas plus riche du double, et la raison est simple, cher
collègue : vous avez continué à acheter votre baguette à la place du Vieux
Marché, non pas à Time Square, et donc la variation de la valeur extérieure de la monnaie (de son
taux de change) ne vous a rien apporté en termes d’augmentation ou diminution
immédiate du pouvoir d’achat.
De même, les
expériences qu’on a de dévaluation traumatique (et encore il faut voir si celle
qui nous attend le serait), tout en étant par
définition associée à une diminution du Pib national si on l’exprime en devise étrangère, ne sont généralement associée
ni à une forte inflation, ni à une diminution du pouvoir d’achat des citoyens
sur les marchés intérieurs.
Puisqu’on vous
chante (pour mieux dire : puisque les journalistes à gages vous chantent,
à vous comme à moi), une toute autre chanson, je pense qu’il vous pourra être
utile de consulter sur le premier point le papier de Burstein et al (2005), et
sur le deuxième point le papier de Weisbrot et Ray (2011).
Un journaliste,
bien-sûr, n’est pas tenu à savoir tant de choses, et il n’est pas tenu non plus
à ne pas faire du terrorisme. Il va de soi. En Italie le texte unique sur la
finance prévoit, dans son article 185, que quiconque diffuse des informations
fausses, qui soient susceptibles d’altérer les valeurs mobilières, puisse
encourir en une détention de 1 à 6 ans. Il va de soi que la magistrature, dans
son indépendance, n’a jamais souhaité
approfondir si la diffusion de nouvelles fallacieuses et tendancieuses telles
que celles sur lesquelles le journaliste du Monde fonde sa brillante analyse puisse retomber
dans le domaine d’application de cette loi, dont le bien-fondé n’a pas besoin d’explication.
L’indépendance est telle si on ne peut pas la discuter, et il en est en cela
des magistrats comme des banques centrales. On a parfois eu dans notre pays l’impression
que ces deux pouvoirs se soient étayés l’un avec l’autre, mais je ne suis pas
assez expert de l’histoire de mon pays pour vous donner mon avis sur cet aspect.
Si, par contre,
vous souhaitez approfondir les détails techniques, les difficultés réelles, d’une
sortie de l’euro (car elles existent, mais elles sont généralement de bien
autre nature que celle qu’on nous présente dans les journaux payés, pardon :
financés par le banques), je me permets de vous conseiller ces trois papiers d’économistes
d’une certaine renommée (Bootle, Tepper, Sapir), ainsi que ce papier plus académique: Kawalec et Pytlarczyk.
Notre
démocratie est malade parce qu’on se moque de nous, et ceci n’est pas un bon
signe. Je suis extrêmement préoccupé.
Je vous salue
bien cordialement de l’Europe.
Alberto
(giusto per ricordare una cosa, agli italiani. Con chi non fa il furbo sono molto lieto di dialogare, anche quando la pensa in modo opposto al mio, e posso farlo in tante lingue europee. Chi fa il furbo, per definizione non parla la mia lingua...)
Che se poi uno proprio ci tiene alle "referenze", può anche andarsi a sentire cosa dice ce jeune homme...
RispondiEliminaBenedetto sia, il traduttore istantaneo di Google Chrome!
RispondiEliminaamen :-)
EliminaOttima la domanda posta al liberale Gauzès (soprattutto per il suo alto tasso ironico). Segnalo che ieri sera a Ballarò Rizzo ha detto (ancora una volta!) che abbiamo goduto del devidendo dell'euro. Al che l'economista Floris ha risposto "certo, agganciati a una moneta forte come l'€ abbiamo risparmiato sui tassi". Relata refero (ma mi fido dell'amico che me lo ha detto). Insomma siamo ancora alla propaganda che in queste trasmissioni aumenterà in vista delle elezioni europee. Ne sentiremo delle belle.
RispondiEliminaDubito che sia sfuggito questo articolo ma, nel dubbio, e visto che qui si parla di gente che finge di non aver sentito, segnalo questa riproposizione del mantra "le soluzioni ci sono, ma l'uscita dall'euro non è una di quelle perché adesso c'è la Cina (e quali siano le "vere" soluzioni, comunque, io non ve lo dico)":
RispondiEliminahttp://www.ilfattoquotidiano.it/2014/03/07/leuro-ha-tante-responsabilita-ma-non-e-la-causa-dellincendio/904810/
Io invece dubito che non sia sfuggito, e i motivi sono quelli che dici tu!
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