giovedì 5 settembre 2013

Confidences entre hommes (de gauche)...

(dovevo rispondere a un amico. Ne approfitto per rispondere anche a dei nemici. Si chiamano economie di produzione congiunta. Parce sepultis...).



Cher A.,

en attendant des bonnes nouvelles, je tiens à préciser le sens de mon message précédent.

Pour ce qui concerne la « guerre », il était prévisible qu’ayant dénoncé la trahison intellectuelle de la gauche italienne, celle-ci aurait riposté. Il lui a fallu deux ans (ah, ce que la gauche est lente, sclérosée, poussiéreuse, autoréférentielle !...), les attaques commencent et certains d’entre eux sont de taille : il me faut donc riposter à mon tour, et je commence à être un peu fatigué. Les arguments sont les mêmes qu’on a vu en France, lorsque la gauche française a dû rattraper Marine Le Pen : il y aurait une sortie de l’euro « à gauche » (en effet, moi j’avais plutôt vu l’entrée par la gauche) et une sortie « à droite », et, bien évidemment, moi je serai celui qui veut sortir à droite. La sortie à gauche consisterait, à ce que je peux comprendre, en deux choses : contrôles aux mouvements de capitaux, et indexation des salaires, pour protéger les ouvriers de l’inflation. Donc il me semble de comprendre que moi, d’après les collabos de gauche, je prônerais la libre circulation des capitaux, et je serai contraire à l’indexation des salaires !

Tu te rends compte ?

Ces misérables sont en effet bien ridicules. J’ai écrit un livre de 400 pages pour montrer que la libre circulation des capitaux est une partie importante du problème, est en effet la racine du problème, pour expliquer que l’euro était le principal instrument de cette libre circulation, pour affirmer qu’il faut remettre des règles, pour dire de quelles règles on a besoin, et pour faire un état des lieux du débat international sur ces règles. Non seulement. J’ai clairement expliqué dans mon blog et dans mon livre que l’indexation des salaires n’était pas la première responsable de l’inflation des années ’80, et que bien-sûr il faudrait de toute façon penser à réintroduire (même en gardant l’euro) des formes de protection du pouvoir d’achat des travailleurs (si elles existent en Belgique, pourquoi pas chez nous) ? Tout cela est écrit, donc ceux qui m’attaquent pour mon « droitisme » mentent, ils mentent pour s’assurer une survie politique, pour démontrer aux autres et surtout à eux-mêmes qu’ils sont « plus à gauche » du petit dernier, de ce Bagnai que personne ne connaissait, et que sans employer le langage liturgique du marxisme, en deux ans a su expliquer la crise à des dizaines, voire à des centaines de milliers d’Italiens. C’est plus que de la concurrence : c’est du blasphème. Donc ils mentent. Et, je le répète, c’est surtout à eux-mêmes qu’ils mentent, ces minables dont les noms te sont inconnus (Ferrero, Gianni, quelque chose comme des spaghetti-Mélenchons), car s’ils comprenaient vraiment ceux qu’ils ont fait aux gens qui ont eu confiance en eux, ils perdraient tout respect pour eux-mêmes.

Je sais que tu es à même de saisir deux détails plaisants de ces attaques.

Le premier est que ces « défenseur du prolétaire » croient vraiment que la monnaie « forte » puisse protéger le pouvoir d’achat des travailleurs ! C’est étonnant ! Tout le monde voit très bien que l’euro est en effet le « Reagan européen » (c’est la définition de Mundell lui-même), que son but était de favoriser les « réformes structurelles » (traduit : la compression des salaires) sous les coups de massue des crises prévues, et favorisées par l’abolition des règles, à fin de conduire les populations européennes vers les buts que l’oligarchie et ses chiens de garde s’étaient donnés. Ce n’est pas par hasard que le Pib par tête en Italie a régressé de 18 ans ! Voilà comment la monnaie forte protège le prolétaire, connards, imbéciles, traitres ! Mais ils y croient. Ils sont forcés à y croire, car il y a une chose qui une fois était de gauche, et aujourd’hui est inconnue à la gauche : l’autocritique.

Et pour cause !

On peut faire de l’autocritique lorsqu’on n’a pas le pouvoir. Mais lorsqu’on a atteint le pouvoir, l’autocritique est dangereuse : qui ose se risquer sur ce terrain a une forte chance de perdre la petite tranche de pouvoir gagné au prix de tant de compromis, de tant de prostitution intellectuelle (ou autre). Donc, l’autocritique aujourd’hui n’est plus de gauche, donc il ne peuvent pas admettre que leur idée que la monnaie forte protège les revenus faibles est une connerie sidérale, donc ils se trouvent à défendre l’euro au moment même où les vraies élites, celles qui se sont servies de ces minables pour apaiser le malaise sociale (en les utilisant pour donnes une petite teinte de « rouge », voire de « rose » aux gouvernements technocratiques qui ont fait la boucherie), au moment même où ces élites, disais-je, se préparent à la sortie. Car elles ont bien pressé le citron, les élites, elles ont retenu le jus, et se préparent à en laisser l’écorce (politique) à ces idiots...

D’ailleurs, nous avons en Italie un précèdent historique très éloquent : l’Union monétaire latine, dans laquelle nous sommes entrés en 1866 pour favoriser les importations de capitaux de la France, car nous avions besoin d’argent (après trois guerres d’indépendance, et avec un pays entier à « moderniser », avec plus ou moins de succès, tu diras...). C’est toujours pour favoriser la circulation des capitaux qu’on entre dans un accord d’échange, car le risque d’échange sur les transactions commerciales (à 60 jours) est facile à gérer, alors que le risque d’échange sur les emprunts à moyen-long terme est bien plus difficile à prévoir. Et nous avions à construire des chemins de fer, à électrifier des villes entières, etc. Voilà pourquoi il nous fallait votre argent (vous étiez riches) et voilà pourquoi ils nous fallut vous donner en contrepartie la certitude du taux d’échange. Mais les conséquences furent celles qu’on aurait pu prévoir très aisément, car elles sont toujours les mêmes : perte de compétitivité, politiques d’austérité (avec un impôt sur la farine qui est resté dans la mémoire des italiens), malaise sociale. Petit détail : dans le merveilleux monde du gold standard, que l’euro vise à reproduire, il était politiquement admissible de mitrailler les ouvriers qui auraient eu la malséance de se plaindre. C’est ce qui fit le général Bava-Beccaris à Milan en 1898, lors de la « révolte de l’estomac » (comme on l’appela). Résultat : 80 morts, et pour lui une médaille et un poste de sénateur. Ce qui prouve que la mitraille était une option politique praticable. Toujours est-il que deux ans plus tard le chef de l’état, le roi Humbert I de Savoie, qu’on avait surnommé « le roi mitraille » pour des raisons bien évidentes, reçu trois coup de pistolet, dont un au cœur. Celle-ci aussi était une option politique praticable.

Ces pseudogauchistes qui défendent encore l’euro, parfois en formes couvertes, en évoquant des monnaies « communes » ou « parallèles » dont on n'arrive jamais trop bien à saisir la signification, et en terrorisant les gens avec le spectre de l’inflation, sont en effet des adeptes de Bava-Beccaris, qu’ils le sachent ou pas. Ceci n’a aucune importance : qu’ils soient idiots, ou qu’ils soient de mauvaise foi, leurs électeurs les ont jugé et leur vie politique approche à la fin. Mais c’est toujours la bête blessée qui est plus dangereuse. Bon, si la bête est, comme dans ce cas, un insecte, on devrait plutôt dire : ennuyeuse...

Le deuxième détail est plus subtil. La gauche italienne, ayant perdu, se met dans l’attitude politique du perdant, qui est celle de la menace. On le sait, c’est Léonardo da Vinci (rien moins que ça) qui nous l’a dit au XV siècle : les menaces sont l’arme du menacé. Donc, ces piètres marionnettes ne cessent de pointer leur doigt vers l’Allemagne («Angela, si tu ne fais pas ce que nous disons, tu verras... »), voire vers les « capitalistes ». En particulier, l’indexation des salaires (qui, je le répète, serait nécessaire surtout maintenant !), est visiblement employée dans une logique de menace : « capitaliste méchant, fais attention, car si on sort de l’euro qui nous protège, à nous, les prolétaires, à nous, les économistes qui venons des HLM, on te forcera à indexer les salaires ». Ores, ce qui détruit politiquement ces connards est le fait que je montre non seulement que ces menaces sont une claire admission de faiblesse (donc, elles n’ont aucune réelle valeur politique, si ce n’est celle de pouvoir démontrer à ses électeurs qu’ « on a fait quelque chose »), mais en plus elles sont totalement irrationnelles, car en principe (a) il serait dans l’intérêt même de l’Allemagne de sortir de cette impasse, et (b) il serait dans l’intérêt même des capitalistes méchants d’indexer les salaires (et on a des exemples historique de cela).

Que l’Allemagne aussi soit de plus en plus en difficulté est évident à tous aujourd’hui. Lorsque je l’écrivis il y a deux ans personne ne le comprit. Maintenant cela se voit : tant mieux. La question qui se pose est donc la suivante : croit-on vraiment que la chose la meilleure à faire pour essayer l’impossible, à savoir : pour chercher une issue coopérative à la crise européenne, soit de menacer les allemands ? Soit de leur jeter à la figure leurs crimes et leurs dettes de guerre, comme faisait un « intellectuel » de gauche il y a quelque jour sur « La Repubblica » ? Qui peut être si idiot ? La réponse est toute prête : un intellectuel de gauche italien (surtout s’il est un « sociologue »). Donc ses gens, ces minables qui se veulent des « fins politiques », n’ont vraiment aucune capacité politique.

Et pour ce qui concerne les salaires, il est un fait connu et avéré (par exemple in Italie, juste après la guerre mondiale) que dans une situation dans laquelle les attentes d’inflation flambent (et elles flamberaient aussi à cause des mensonges des « idiots de gauche », qui les surestiment pour les raisons tactiques que j’ai exposé ci-dessus), dans une situation pareille l’indexation des salaires est vue favorablement par les entrepreneurs, car elle désamorce les attentes d’inflation. C’est très simple : puisque des criminels continuent à brailler qu’on aura l’inflation à 20%, crois-tu que ce serait plus facile pour un entrepreneur gérer un renouvellement de contrat en assurant une indexation même à 100% de l’inflation effective, en sachant que celle-ci sera vraisemblablement plus contenue, ou engager une lutte sans merci avec les syndicats ? Ce n’est pas de la théorie, c’est de l’histoire : après la deuxième guerre mondiale ce fut le chef de Confindustria (notre Medef) qui prôna l’indexation des salaires.

Voilà ce qu’ils détestent, les idiots de gauche. Ils détestent le fait que ce qu’ils présentent pour des raisons de marketing comme une menace, et comme une chose de gauche, moi je la présente comme une chose rationnelle, acceptable par toutes les parties sociales. 

C’est un paradoxe.

En acceptant l’euro, ils ont renié l’existence de la lutte de classe, et ils ont confié aux Banques centrales « indépendantes » le travail des syndicats, voire, la protection du pouvoir d’achat de travailleurs. On a vu les résultats. Mais en ce moment où on a un pays à reconstruire, où on aurait besoin de réunir toutes les forces de ce pays, eux, qui ont seulement besoin de « paraitre » de gauche, après avoir soutenu pendant trente ans un projet politique fasciste, opposent chaque solution qui ne se présente pas comme une déclaration de guerre ! Réveillez-vous, pauvre cons ! Il y a déjà eu une guerre, et vous l’avait fait perdre aux pauvres électeurs qui vous ont fait confiance. Dans le moment même où vous braillez de sortir à gauche vous avouez que dans le monde que vous avez construit il n'y a aucun espace démocratique, il n'y a ni de droite ni de gauche, il n'y a rien que le PUDE (Parti Unique De l'Euro). Sortir est donc prioritaire pour de raisons de démocratie, avant que d'économie. Mais ceci vous ne pouvez pas l'admettre, car ce serait avouer la trahison.

Par contre, les « libéristes » me craignent et se tiennent à distance pour le moment, dans l’attente de me baiser à un prochain concours (s’ils y arrivent). On dit, en Italie : dagli amici mi protegga Dio, che dai nemici mi proteggo io. C’est assez clair...

Quelle tristesse, quel épuisement... Mais je suis soutenu par les dizaines de lettres que je reçois, de gens qui me remercient, et qui représentent toutes les couches sociales : entrepreneurs, magistrats, paysans, commerçants, ouvriers. Je ne me suis jamais senti si proche à cette chose que je croyais détester si profondement : l'humanité!

Et pour ce qui concerne notre travail de recherche... on continue en privé ! Sois rassuré : je travaille...

23 commenti:

  1. Voilà comment la monnaie forte protège le prolétaire, connards, imbéciles, traitres!

    Mi piace piu' questo come titolo......

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  2. Que dire? C'est un plaisir de vous lire en français, surtout dans ces temps gérés par la puissance de l'anglais. Je me sent plus à mon aise avec cette vieille Europe...

    Merci

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    1. È solo perché a me piace parlare in francese. Mi piace anche suonare Scarlatti (Alessandro). Ti lascio, il piacere mi chiama.

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  3. Forza prof.! tieni duro!
    per la stanchezza e gli attacchi depressivi, se necessario, consiglio un bottiglione di pappa reale: un cucchiaio al giorno la mattina e poi, la sera, ti viene persino voglia di spolverare in casa dopo una giornata di lavoro...

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  4. non avevo bisogno di questa sua puntualizzazione...ma sono contento che lei l'abbia fatta e di averla letta.

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  5. Ils ne peuvent pas l'admettre, mais nous n'oublieron pas que ceux-ci ont trahi notre pays ,avent leur spariton politique. Il y a de la giustice dans ce monde? Voilà la gauche de Vichy(les franòais traduit aussi marxisti dell'illinois)!
    Je voudrais remercier ma prof de françcaise A.R. au cours de ses leçon il faut etudier la française, comme ici l'economie.

    A bientot Alberto, merci beaucoup pour votre travaille.

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  6. purtroppo l'idea della moneta comune attira anche commentatori molto vicini e normalmente molto critici. C'è proprio questa malsana voglia di stare sotto l'ombrello di qualcuno che non si rendono conto che cercarne altri significa solo aumentare il numero di ombrelli che ci opprimono.

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  7. Intellettuali d'oggi, idioti di domani

    De Andrè la scrisse nel 1973, ma parlava degli stessi cialtroni con cui abbiamo a che fare oggi.
    E oggi come allora "C’è chi aspetta la pioggia per non piangere da solo".

    Buon Scarlatti.

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    1. e c'è chi confonde il guinzaglio con l'ombrello

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  8. Il faut mettre l'accent sur la différence entre les sapins et ces gauchistes italiens-là... Les sapins sont de conifères et les gauchistes sont des CONS et on ne peut rien y faire!

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  9. Ho dovuto rispolverare il mio scarno francese scolastico, ma ce l'ho fatta! :D

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  10. E che problema c'è?
    Je parle français like a spanish cow...

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  11. Grazie di cuore prof: grande chiarezza, lucidita' ed energia. E una prosa fantastica. Chapeau

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  12. Ammetto che non pensavo arrivassero a tanto.

    Ecco Gianni: "Emiliano Brancaccio ha giustamente affermato che c’è modo e modo di realizzare un’uscita dall’euro. Cioè è teoricamente possibile attutire le conseguenze negative, ad esempio istituendo un sistema di indicizzazione delle retribuzioni, per prevenire probabili ventate inflazionistiche. Non c’è bisogno di prevedere catastrofi sul versante dell’inflazione. Non ha quindi molto senso l’ironia di alcuni autori, fra i quali Alberto Bagnai (Il tramonto dell’euro. Come e perché la fine della moneta unica salverebbe democrazia e benessere in Europa, Reggio Emilia, 2012), a questo riguardo."
    (Cioè, a parte il punto ridicolo, questo è il massimo che Gianni si sente di dire su Bagnai scrivendo del dibattito sull'euro!)

    E altrove la definizione della posizione di Bagnai come liberista/neoliberista.

    Sono proprio il peggio del peggio.

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    1. Non credo cie Gianni sia lo squallido Giuda che sembra. È solo uno scialbo burocrate di partito che, appesantito dall'età, in altre occasioni ha dato prova di non riuscire a concentrarsi a lungo su un testo scritto.

      Ora però attento Gianni: riposati. Questo è il secondo cartellino giallo. Dopo di che, avrò per te il rispetto che tu hai per i morti che l'euro che difendi ha provocato.

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  13. ovviamente, l'accuratissimo double checking non mi ha impedito di fare un errore madornale nel titolo (che nessuno rilegge). Un classico :(

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  14. Je ne me suis jamais senti si proche à cette chose que je croyais détester si profondement : l'humanité!

    sarebbe più facile amare l'umanità se non fosse così piena di piddini.

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  15. Ma, Profe, è proprio sicuro che i "marxisti dell'Illinois", essendo, per l'appunto, dell'Illinois (tautologia), conoscano il francese?

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  16. arriva un sottofondo anche dalla Francia che suona famigliare: "vive la révolution!"

    non siamo soli!

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  17. Resto basito da come non riescano a capire quel che lei sostiene. Io che sono di sinistra ed a digiuno di economia dopo meno di cinquanta pagine ho compreso (a linee generali da profano...) sia le sue spiegazioni sulla trappola dell'euro sia che le sue posizioni sono tutt'altro che di destra e se non vogliamo sostenere che siano di sinistra possiamo dire semplicemente che sono sensate al contrario delle politiche che i nostri rappresentanti perseguono. In tutta onestà definire la nostra classe politica in base alle storiche differenze tra schieramenti è fare un torto alle idee ed alle persone di destra o sinistra che siano.

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  18. Il punto è che non vogliono ammettere di essersi sbagliati, quelli che "ci hanno creduto" (qualcuno ci sarà); gli altri non possono certo ammettere di aver ingannato chi dovevano rappresentare e difendere.

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  19. questa é "per molti ma non per tutti". (peccato, 8 anni di francese spazzati via da 18 anni di vita sociale...)

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